Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/343

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— On ne parle pas politique, vous savez ! cria le père Lamoureux sur le seuil de sa cuisine.

Mais ce rappel à l’ordre se perdit au milieu d’une soudaine improvisation du marquis, que les lauriers de Cambrinus empêchaient de dormir et qui voulait couper une tirade dont on ne pouvait prévoir le développement.

— Représentant des anciennes classes privilégiées, dit-il, n’ayant rien à gagner aux révolutions bourgeoises, je réponds à des allusions insidieuses par une déclaration plus hardie.

Je demande qu’on ouvre les écluses au torrent de la démocratie, c’est-à-dire à l’ignorance et à la bêtise populaires qui doivent venger les injures de ma race. Je fais un pacte d’alliance avec les hommes de désordre dont Cambrinus sera peut-être un jour le représentant, pour qu’ils fassent passer la charrue sur les fondements de la société et de la civilisation.

— À bas ! à bas ! cria-t-on du côté de Coq et de Soulès.

Quant à Cambrinus, il ouvrait déjà la bouche pour répliquer et Dieu sait ce qui allait en sortir, lorsque le retentissement d’une gifle vigoureusement appliquée fit changer le cours de la conversation. C’était Zoé-Canada qui venait de répondre de cette manière aux gestes du docteur Gédéon Mathieu, qui était tombé à ses genoux.

— Oh ! madame ! oh ! les femmes ! oh ! j’ai bien souffert, disait le petit homme à la voix éraillée en portant les mains à sa figure.

Au même instant on entendit à la porte le bruit d’une querelle.

C’était Léon Gaupin, entraînant avec lui Bouton-de-