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Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/69

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prit plus fin, une conversation plus délicate et un langage d'un meilleur aloi.

Il ne s'agit maintenant que d'indiquer les points de contact avec la théorie générale.

Il y a dans le maniement des hommes, des intrigues et des affaires, une sorte de langage diplomatique sans lequel personne ne peut prétendre à se faire écouter. Ce sont des réticences, des détours, des mouvements de surprise, de hardiesse, des affectations de froideur, et par-dessus tout cela, un usage habile de l'ironie, celui de tous les détours de langage dont l'effet est le plus actif.

Quant à la conversation, elle est à l'art de la vie comme un de ces accessoires sans lesquels les machines les mieux montées ne marcheraient pas. Quiconque n'a pas à sa disposition un réservoir de paroles inépuisable sera fort embarrassé pour arriver à quoi que ce soit. Suivant le gros vulgarisme : il faut peloter en attendant partie. La conversation, et une conversation qui ne tarit jamais, est le seul moyen de se tenir en représentation dans la société. Car quand on n'a plus rien à dire il faut s'en aller.

L'esprit des gens qui ont des manières ne ressemble pas à celui des autres. Elles donnent à l'esprit cet air de cour et de galanterie devenu si rare aujourd'hui. Le trait suivant de M. de Talleyrand fait comprendre ce que c'est que l'esprit des gens qui ont des manières :

Si répulsif qu'il fût de sa personne, M. de Tal-