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Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/81

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le sort qui le menaçait, il marchait à sa destinée sans hésitation ni murmures.

À quoi donc attribuer les prodiges de cet ordre fameux sinon à l'abnégation, au dévouement absolu des inférieurs, à la passion de l'obéissance et de la subordination ? La société avait pour devise ; perindè ac cadaver. C'est la quintessence du spiritualisme. Trouvez donc quelque chose qui agisse plus puissamment sur les hommes que les idées abstraites.

Plus on exige des hommes, plus on en obtient, c'est là un des secrets les plus profonds de la domination. Ainsi, on peut voir une des applications de ce principe dans l'austérité des règles imposées par les établissements religieux, plus l'observance est sévère, plus elle attire de pénitents. Une maison de Chartreux qui voudrait relâcher sa règle sous prétexte de s'accommoder à la faiblesse humaine, aurait bientôt fait maison nette.

Moins on paye, mieux on est servi ; c'est un des corollaires du même principe, et l'on peut voir quelle est la commodité du précepte.

Plus le travail est dur, plus il est obscur, plus on s'y attache étroitement, toujours la même règle. Le labeur opiniâtre du paysan en est une preuve, et Platon fait à ce sujet une réflexion que l'on aimerait à voir inscrite sur les édifices où l'on a la prétention de décerner des prix d'agriculture. « Un laboureur, dit-il, est très utile à l'État, et sa profession mériterait d'être honorée, essayez de lui donner