Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/90

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le bien, et par suite il agit davantage sur leur imagination.

Si l'on veut contrôler cette proposition on n'a qu'à voir quel est dans l'histoire morale des peuples la part de la raison et de la justice ; quel est le rôle des sentiments généreux et des idées élevées. La gloire par exemple est un des mobiles les plus vivaces de l'humanité et la gloire est l'incarnation même du mal, le principe de tous les fléaux. Dites donc à un peuple de renoncer à la gloire, ou essayez de gouverner sans elle. De quoi toute l'Europe moderne a-t-elle vécu pendant près de dix siècles ? Des folies et des fureurs de la superstition religieuse. Cette frénésie a fait son temps ; par quoi est-elle remplacée aujourd'hui ? par une autre frénésie : l'aversion de tout sentiment religieux, c'est toujours le torrent du mal.

L'ascendant des idées fausses pendant les révolutions est un autre aspect de cette force malfaisante qui paraît présider à la vie des nations.

Les principes faux, les sentiments pervers ont partout infiniment plus de puissance que leur contraires. Ces considérations jettent un certain jour sur la science du gouvernement, sur la politique dont les agissements secrets sont connus. Le mal en est le principal ressort. Par suite des mêmes raisons la bonté est une qualité absolument négative chez les princes. Elle ne peut leur servir en rien. C'est ce qui apparaît notamment dans l'histoire de France