— Non, mais avec une chambre d’ami que je te réserve.
— Pourquoi cette délicate attention ?
— Une affaire curieuse, compliquée, que j’aimerais débrouiller avec toi…
— Parce que tu ne peux pas la débrouiller tout seul, hein, mon gros ? »
Raoul observait la jeune fille dont le trouble croissant commençait à le tourmenter. Il essaya de lui reprendre le récepteur. Mais elle s’y cramponna, et Béchoux insistait :
« C’est urgent. Entre autres événements, une jeune fille a disparu aujourd’hui…
— C’est un événement quotidien. Et il n’y a pas de quoi s’alarmer.
— Non, mais certains détails sont inquiétants, et puis…
— Et puis, quoi ? s’écria Raoul, impatienté.
— Eh bien, tantôt, à deux heures, il y a eu un crime. Le beau-frère de cette jeune fille, qui la cherchait dans le parc, le long d’une rivière, a été tué d’un coup de revolver. Alors comme tu as un rapide à huit heures du matin, et… »
À cette évocation d’un crime, la jeune fille s’était dressée. Le récepteur s’échappa de sa main. Elle voulut parler, poussa un soupir, vacilla sur elle-même, et tomba sur le bras d’un canapé.
Raoul d’Avenac avait pris juste le temps de crier à Béchoux d’un ton furieux :
« Tu n’es qu’un imbécile ! Tu as une façon d’annoncer les choses ! Alors, quoi ! tu ne devines rien, idiot ? »
Il raccrocha vivement l’appareil, étendit la jeune fille sur le canapé et la contraignit à respirer un flacon de sels.
« Eh bien, qu’y a-t-il, mademoiselle ? les paroles de Béchoux n’ont aucune importance, puisque c’est de vous qu’il parle et de votre disparition ! En