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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/105

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— Et si vous vous trompez ? s’écria-t-elle, en un sursaut d’énergie… Car enfin… vous pouvez vous tromper… Deux écritures peuvent être ressemblantes et n’être pas de la même personne. Réfléchissez. Une telle accusation est si grave ! »

Elle se tut. Ses yeux, tour à tour, imploraient Raoul et le défiaient. Et puis, soudain vaincue, elle tomba sur un fauteuil et se mit à sangloter.

Il lui donna le loisir de se reprendre, peu à peu, et, penché sur elle, lui mettant sa main sur l’épaule, il murmura :

« Ne pleurez pas. Je vous promets de tout arranger. Mais dites-moi bien que toutes mes suppositions sont exactes, et que je puis continuer dans la voie où je me suis engagé.

— Oui, fit-elle d’un ton à peine perceptible… oui… c’est l’entière vérité. »

Elle avait saisi la main de Raoul et, la tenant entre les siennes, la pressait et la mouillait de ses larmes.

« Comment les choses se sont-elles passées ? dit-il. Quelques mots seulement, pour que je sache… Plus tard, s’il le faut, nous en reparlerons. »

Elle prononça, d’une voix brisée :

« Mon mari n’est pas tout à fait aussi coupable qu’on peut le croire… C’est grand-père qui lui avait confié une lettre, laquelle devait être ouverte à sa mort, en présence du notaire. Mon mari l’a ouverte et a trouvé le testament.

— C’est l’explication que votre mari vous a donnée ?

— Oui.

— Elle est peu vraisemblable. Votre mari était en bons termes avec M. Montessieux ?

— Non.

— Alors, comment votre grand-père lui aurait-il confié son testament ?