Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/112

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gers, de ceux qu’ils nomment les horsains, Raoul savait délier leur langue, et il apprit ainsi que plusieurs vols avaient été commis depuis quelques années, au préjudice de châtelains ou de riches fermiers. On sautait les murs, on escaladait les talus, on pénétrait dans les maisons, et de vieux bijoux de famille ou des pièces d’argenterie disparaissaient.

Les enquêtes poursuivies n’avaient jamais donné de résultats, et la justice n’avait même pas évoqué ces vols lors de l’affaire Guercin, mais on savait dans le pays que plusieurs d’entre eux avaient été commis par un homme à grand chapeau. On affirmait avoir vu la silhouette de ce grand chapeau qui semblait de couleur foncée, noire sans doute. L’homme était mince et d’une taille très au-dessus de la moyenne.

À trois reprises, on recueillit les empreintes de ses pas : elles étaient lourdes, énormes, et provenaient évidemment de sabots démesurés.

Mais ce qui intrigua le plus, ce fut de constater qu’une fois, pour pénétrer dans un château, l’homme n’avait pu s’introduire que par une ancienne canalisation, si étroite qu’elle aurait tout juste livré passage à un enfant. Et, dans la cour intérieure de cette propriété, on avait aperçu la silhouette gigantesque de son chapeau et relevé les traces de ses sabots démesurés. Et tout cela s’était glissé par l’ancienne canalisation !

Aussi la légende de l’homme au grand chapeau courait-elle dans la région comme celle de quelque fauve terrible et capable des pires méfaits. Pour les commères, nul doute que ce ne fût lui le meurtrier de M. Guercin. La supposition ne manquait pas de vraisemblance.

Béchoux, mis au courant, crut pouvoir affirmer que, la nuit où Catherine avait été attaquée dans sa chambre, l’agresseur poursuivi au milieu des