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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/113

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ténèbres du parc lui avait laissé, à lui Béchoux, la vision d’un homme coiffé d’un grand chapeau. Vision très fugitive, mais qu’il retrouvait maintenant enregistrée dans sa mémoire.

Ainsi toutes les présomptions tournaient autour de cet individu mystérieux, coiffé et chaussé d’étrange façon. Entrant dans le domaine comme il voulait, s’en éloignant à son gré, rôdant aux environs, opérant de droite et de gauche, et à des intervalles très irréguliers, il semblait bien réellement le génie malfaisant de la contrée.

Un après-midi, Raoul, que son instinct dirigeait souvent vers la cabane de la mère Vauchel, appela les deux sœurs. En examinant tout un groupe de planches dressées les unes contre les autres et appuyées au tronc d’un arbre, il avait mis à découvert une vieille porte, fendue et démolie, sur laquelle un dessin à la craie était tracé, grossièrement, d’une main maladroite.

« Tenez, dit-il, voilà notre homme, c’est bien les lignes de son chapeau… de cette espèce de sombrero pour fort de la halle qu’on lui attribue.

— C’est impressionnant, murmura Catherine. Qui a pu faire cela ?

— Le fils Vauchel. Il s’amusait à crayonner sur des bouts de planches ou des morceaux de carton. Aucun art, d’ailleurs, même rudimentaire. Et alors tout concorde. La cabane Vauchel était au centre des machinations. Notre homme et M. Guercin s’y sont rencontrés peut-être. C’est ici qu’un ou deux bûcherons de passage ont été embauchés par le fils Vauchel pour déplacer les trois saules. La mère à demi folle assistait aux conciliabules. Elle devinait ce qu’elle ne comprenait pas, interprétant, imaginant, remâchant tout cela dans sa pauvre cervelle, et c’est tout cela qu’elle exprima plus tard devant vous, Catherine, en phrases inachevées et incohérentes où il y avait ces menaces qui vous ont tellement effrayée. »