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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/125

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Elle gagna ainsi le monticule qui s’était formé autour et au-dessus de la serre démolie, chaos de pierres et d’herbes et de buissons, où un passage se dessinait en courbe blanchâtre. Elle s’éleva peu à peu, traînant sur le sol, puis disparut dans les fourrés.

Raoul aussitôt, certain de n’être pas vu, sauta de son arbre, et se mit à courir en choisissant les endroits où n’arrivait pas le rayonnement de la lune. Ses yeux ne quittaient pas le point culminant des ruines. Quelques minutes lui suffirent pour en atteindre la base. Là, sans plus prendre de précautions, il s’engagea dans le passage pratiqué au milieu des éboulements et monta la piste qui serpentait.

Le revolver en main, car il éprouvait quelque méfiance, il parvint au sommet et chercha d’un coup d’œil. N’apercevant rien de suspect, il pensa que l’ennemi redescendait l’autre pente, et il fit encore trois pas.

Il eut une seconde ou deux d’hésitation. Il y a des instants où l’excès de calme, où la trop grande impassibilité des feuilles et des herbes vous paraissent autant de menaces. Il avança, cependant, tous ses sens aux aguets, et brusquement il eut l’impression qu’un craquement de branches se produisait sous ses pieds et qu’une fissure s’ouvrait au milieu des décombres.

Il tomba dans le vide, et sans doute sa chute avait été combinée de telle façon qu’il reçut à la hauteur du torse comme un formidable coup de bélier, qui l’empêcha de tomber debout, lui fit perdre l’équilibre, et l’abattit comme une masse inerte. Aussitôt il fut enveloppé d’une sorte de couverture, roulé et ficelé avant qu’il eût eu le temps de s’y reconnaître et d’opposer seulement un essai de résistance.

Tout cela fut exécuté avec une rapidité extra-