Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/126

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ordinaire, et, autant qu’il put en juger, par un unique agresseur. Et non moins rapide fut la suite de l’opération. D’autres cordes s’enroulèrent qui durent être fixées à des points d’attache solidement établis, pieux, piquets de fer ou moellons cimentés. Puis il eut un éboulement de cailloux et de sable que l’on précipitait sur lui d’en haut.

Et puis, plus rien, le silence, les ténèbres, le poids d’une pierre tombale. Raoul était enseveli.

Ce n’était pas un homme à se considérer comme perdu et à supprimer en lui la notion de l’espoir. En toute occurrence, sans se dissimuler la gravité d’une situation, d’abord il apercevait les côtés rassurants. Et comment ne se fût-il pas dit sur-le-champ que, somme toute, on aurait pu le tuer, et qu’on ne l’avait pas fait. C’eût été si facile ! Un coup de poignard, et l’on en finissait avec l’obstacle en quelque sorte invincible qu’il constituait pour son adversaire. Si on ne l’avait pas tué, c’est que sa suppression n’était pas indispensable, et qu’on pouvait se contenter de le réduire à l’impuissance durant les quelques jours que nécessitait la besogne envisagée.

Et cette hypothèse était d’accord avec ce que savait pertinemment Raoul.

Mais, néanmoins, l’ennemi ne reculait pas devant la solution criminelle. Il s’en remettait à la décision du destin. Si Raoul succombait, tant pis pour lui.

« Je ne succomberai pas, se dit Raoul. L’essentiel c’est que je n’aie pas d’autre attaque à redouter. »

Et, dès le début, son instinct lui faisant prendre la meilleure position possible, il avait tendu toutes ses forces pour plier un peu les genoux, raidir ses bras et gonfler sa poitrine. Il gardait ainsi une certaine liberté de mouvements et la place de respirer. D’autre part, il se rendait compte exactement