Elle rentra.
Il entendit, de l’autre côté du mur, le bruit étouffé de ses pas. Puis ce fut le silence. Le jour croissait. Elle lui avait désigné le toit de la chaumière que Béchoux avait louée. Raoul revint donc, suivit de nouveau l’avenue, sortit du village, et remisa son auto sous un hangar. Près de là, dans une petite cour plantée d’arbres fruitiers et ceinte d’une haie d’épines, il y avait une vieille bâtisse à colombages, avec des pavés sur le devant et un banc tout luisant d’usure.
Sous le chaume relevé du toit, une fenêtre était entrouverte. Raoul escalada la façade, et, sans réveiller la personne qui dormait dans le lit, après avoir glissé la clef sous la pendule, visita la chambre et fouilla les placards. Persuadé qu’aucun piège ne lui était tendu, supposition qui n’aurait rien eu d’impossible, il redescendit.
La porte de la chaumière n’était pas close. Une grande pièce occupait le rez-de-chaussée, à la fois cuisine et salle, et se terminait par une alcôve.
Ayant défait sa valise et plié ses vêtements sur une chaise, il épingla une feuille de papier où il avait inscrit ces mots : Prière de ne pas me réveiller. Il enfila un pyjama luxueux. Une grande horloge à balancier sonnait cinq heures.
« Dans trois minutes je dors, se dit-il. Juste le temps de me poser, sans essayer de la résoudre, cette question : vers quelle aventure nouvelle et passionnante la destinée me mène-t-elle ? »
À ce moment la destinée avait, pour lui, des cheveux blonds, des yeux éperdus et une bouche enfantine.