Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/146

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de la cuisine quand le meurtre fut commis, et qui me suivit lorsque je m’élançai vers le pigeonnier sur le seuil duquel on avait tiré un coup de revolver !

— Tu te répètes, Béchoux, dit Raoul. Et moi, je me répéterai en te répondant que le domestique Arnold n’a pas tué M. Guercin.

— En ce cas, montre-nous le coupable. Ou bien c’est Arnold — et tu affirmes que non — ou bien c’est un autre et tu n’as pas le droit d’accuser Arnold d’un crime qu’il n’a pas commis.

— Il n’y a pas eu de crime.

— M. Guercin n’a pas été assassiné ?

— Non.

— De quoi est-il mort ? D’un rhume de cerveau ?

— Il est mort par suite d’une série de hasards funestes déclenchés par M. Montessieux.

— Allons bon, voilà que le coupable serait M. Montessieux, lequel n’existait plus depuis près de deux ans.

— M. Montessieux était un maniaque et un illuminé, et c’est là toute l’explication. Maître de l’or, il n’admettait pas qu’un autre pût s’emparer de ce qu’il avait tant cherché et de ce qu’il avait enfin découvert. Figure-toi qu’un avare ait entassé dans le sous-sol du pigeonnier un trésor inestimable et que M. Montessieux pouvait croire inépuisable ; ne penses-tu pas que cet avare accumulerait les précautions pour défendre son bien durant son absence ? Or, les dernières années de sa vie, M. Montessieux ne pouvait plus supporter l’hiver assez rude des bords de la Seine, et, pendant l’été qui précéda sa mort, il profita des fils électriques que le fils Vauchel avait posés dans son laboratoire souterrain pour installer seul, en grand secret, un système capable de défendre automatiquement, mécaniquement, l’entrée du pigeonnier. Il suffisait qu’un intrus tentât d’ouvrir la