Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/148

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restait le seul chef du complot destiné à capter les trésors de M. Montessieux. La justice représentée par le juge d’instruction ne comprenait rien à l’affaire, et, pas davantage la police représentée par le brigadier Béchoux, lequel en toutes ces circonstances, je dois le dire, se montra d’une insuffisance déplorable… »

Béchoux interrompit, en haussant les épaules :

« Tu prétendrais avoir deviné cela sur l’heure, toi ?

— À la minute même. Du moment qu’il n’y avait personne pour commettre le crime, c’est qu’il s’était commis tout seul. De là à comprendre la situation, il n’y avait qu’un pas. Et je l’ai franchi aussitôt en examinant les fils électriques et le revolver. Donc, pour en revenir à M. Arnold, il était libre d’agir à sa guise, tout en parant aux périls qui pouvaient survenir. Ainsi Dominique Vauchel, qui avait travaillé avec M. Montessieux, savait certaines choses et devait en avoir deviné certaines autres. Bien que peu loquace, il avait parlé à sa mère, et la vieille folle bavardait à tort et à travers sur les trois “chaules” et sur les dangers courus par Catherine. Il fallait donc veiller au grain…

— Et c’est pourquoi, ricana Béchoux, Arnold a commencé par se débarrasser de Dominique Vauchel, puis de la mère Vauchel. »

Raoul frappa du pied et prononça d’une voix forte :

« Eh bien, non, c’est ce qui te trompe, Arnold n’est pas un assassin.

— Cependant, puisque Dominique Vauchel et sa mère ont été tués.

— Il n’a tué ni l’un ni l’autre, dit Raoul avec le même emportement. Arnold n’a tué personne, si on appelle tuer commettre un crime avec préméditation. »