XIV
DE L’OR
Le domestique Arnold avait suivi l’argumentation de Raoul d’un air de plus en plus passionné. Les mains cramponnées à son fauteuil, le buste à demi soulevé sur les bras, le visage crispé par une attention que les paroles de Raoul semblaient exaspérer de minute en minute, il écoutait sans souffler mot.
« Tu mens ! tu mens ! continuait de crier Béchoux. Et c’est abominable de couvrir d’insultes une femme qui ne peut te répondre.
— Comment ! protesta Raoul, mais il lui est loisible de me donner toutes les réponses qu’elle veut. Je les attends de pied ferme !
— Elle te méprise, et moi aussi. Elle est innocente et Arnold également. Toutes tes histoires sont peut-être justes, et je ne doute pas même qu’elles le soient, mais elles ne s’appliquent ni à l’un ni à l’autre. Tu entends, je m’inscris en faux contre tes accusations, et je les couvre l’un et l’autre de mon autorité et de mon expérience. Ils ne sont pas coupables.
— Bigre ! qu’est-ce qu’il te faut ?
— Des preuves !
— Une seule te suffirait-elle ?
— Oui, si elle est irrécusable.
— L’aveu d’Arnold serait-il une preuve irrécusable ?
— Parbleu ! »
Raoul s’approcha du domestique et, face à face, les yeux dans les yeux, il lui demanda :
« Tout ce que j’ai dit est vrai, n’est-ce pas ? »
Le domestique articula sourdement :
« Du premier jusqu’au dernier mot. »