Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/172

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vail plus délicat, où l’on apercevait encore des traces de mosaïques et l’attache du piédestal sur lequel devait s’élever la statue. Leurs efforts se concentrèrent à cet endroit.

L’eau ruisselait de toutes parts et s’étalait en flaques qui s’égouttaient vers la rivière. Presque aussitôt l’un des pics troua la cloison et passa dans le vide. Ils agrandirent l’ouverture. Raoul alluma sa lampe.

Comme il l’avait prévu, ils trouvèrent une excavation assez basse où l’on pouvait juste se tenir debout, et qui, sans doute, avait servi de chambre funéraire. Un pilier central en soutenait le plafond. Autour se groupaient trois de ces jarres provençales en terre vernissée, à large panse, dont on use encore dans le Midi de la France pour conserver l’huile. Les débris d’une quatrième jonchaient le sol visqueux. Des points d’or luisaient.

« C’est bien ce que j’avais dit, prononça Raoul. Regardez les murs de cette petite grotte… tout fendillés et craquelés. Après le flot des grandes marées, les infiltrations commencent, de petites cascades se forment, qui cherchent et s’ouvrent des issues, et des grains d’or, des parcelles de métal glissent par ces issues. »

L’émotion leur serrait la gorge. Ils restèrent un moment silencieux dans ce réduit sombre où quinze ou vingt siècles auparavant un être humain avait déposé ses richesses, et où, depuis, personne n’avait pénétré. Que de mystères s’étaient accumulés là, et quel miracle de s’y trouver maintenant !

Avec la pointe de son pic, Raoul brisa le col de chacune des trois jarres et les éclaira tour à tour d’un jet de sa lampe. Chacune d’elles était remplie d’or en paillettes, d’or en grains, d’or en poudre ! À pleines mains il en saisit deux poignées qu’il laissa ruisseler et qui étincelèrent aux feux de la lampe.

Béchoux était si ébranlé par ce spectacle que ses