Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/179

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Il sentait que, quoi qu’il fît, il ne la fléchirait pas, et il le sentait si bien qu’il n’osait pas s’insurger ni tenter de la retenir.

« Adieu, mon ami, répéta-t-elle. Et ma peine est si grande que je veux… que je veux qu’il y ait entre nous… un souvenir… »

Catherine avait posé ses mains sur les épaules de Raoul. Elle approcha son visage et lui offrit ses lèvres.

Un instant elle défaillit entre les bras qui la serraient éperdument et sous les lèvres qui baisaient les siennes. Puis, se dégageant d’un geste, elle s’enfuit.

Une heure après, Raoul courait chez les deux sœurs. Il voulait revoir Catherine. Il voulait lui dire tout son amour, sans même penser à quoi le conduirait une telle démarche.

Catherine n’était pas rentrée. Et il ne vit pas non plus Bertrande.

Le lendemain, même visite inutile.

Mais le surlendemain, Bertrande Guercin sonnait à sa porte, et, comme Catherine, elle fut introduite dans son bureau.

Elle y entra avec le même air d’hésitation que sa sœur, mais, beaucoup plus vite que sa sœur, elle reprit son aplomb, et, tandis qu’il lui tenait les mains et qu’il la regardait comme il avait regardé Catherine, elle murmura :

« Elle vous a tout dit… Nous nous étions promis l’une à l’autre de venir une dernière fois… C’est mon tour… Je viens vous dire adieu, Raoul, et vous remercier de tout ce que vous avez fait pour nous deux… de tout ce que vous avez fait pour moi, qui était coupable, et que vous avez sauvée du remords et de la honte. »

Il ne répondit pas tout de suite. Il était bouleversé, et Bertrande reprit, gênée par le silence et disant des mots au hasard :