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— Je n’en ai pas, monsieur le juge d’instruction, je vous avoue humblement que je n’en ai pas. Je sais que M. Guercin a été assassiné par quelqu’un qui se trouvait dans la tour, mais ce qu’est devenu ce quelqu’un, je l’ignore. Et pourquoi a-t-il tué M. Guercin ? Est-ce qu’il le guettait ? Est-ce qu’il a été surpris ? Est-ce un crime de vengeance, ou de cupidité, ou de hasard ? Je l’ignore. Quelqu’un, je le répète, qui était dans cette tour, derrière cette porte, a tiré un coup de revolver… voilà, jusqu’à nouvel ordre, tout ce qu’on peut dire, monsieur le juge d’instruction, et toutes nos recherches, ainsi que les recherches subséquentes de la gendarmerie, n’ont pas abouti à une portion plus grande de vérité. »

La déclaration de Béchoux était si catégorique qu’il semblait qu’on se heurtât à un mystère qu’on n’éclaircirait jamais. C’est ce que M. Vertillet lui fit remarquer, non sans une certaine ironie.

« Il faut pourtant bien que l’assassin soit quelque part. À moins de s’être enfoncé sous terre, ou de s’être envolé dans le ciel, il est inadmissible qu’il se soit volatilisé, comme votre récit tendrait à le faire croire.

— Cherchez, monsieur le juge d’instruction, dit Béchoux, d’un ton piqué.

— Nous chercherons, bien entendu, brigadier, et je suis sûr que notre collaboration produira d’heureux résultats. Il n’y a pas de miracle en matière criminelle. Il y a des procédés et des trucs plus ou moins habiles. Nous trouverons ceux-là. »

Béchoux sentit que l’on n’avait plus besoin de lui, son rôle était fini pour l’instant. Il prit Raoul d’Avenac par le bras et l’entraîna.

« Qu’est-ce que tu en dis ?

— Moi ? rien.

— Mais tu as une idée ?

— Sur quoi ?