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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/38

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IV

ATTAQUES


Béchoux ne protesta point contre cette affirmation et ne songea même pas à s’en offusquer. Pour lui, Raoul en cette occurrence, comme dans toutes les autres, discernait des choses que personne n’apercevait. Alors, comment se froisser si Raoul ne le traitait pas avec plus de considération qu’il ne traitait le juge d’instruction ou le substitut du Procureur ?

Mais il se cramponna au bras de son ami, et, tout en le menant à travers le parc, il pérorait sur la situation dans l’espoir d’obtenir quelque réponse aux questions qu’il posait d’un air réfléchi, et comme à lui-même.

« Que d’énigmes, en tout cas ! Que de points à éclaircir ! Pas besoin de te les énumérer, n’est-ce pas ? Tu te rends compte aussi bien que moi, par exemple, que l’on ne peut pas admettre qu’un homme, à l’affût dans la tour, y soit resté après son crime, puisqu’on ne l’y a pas retrouvé — et pas davantage qu’il soit enfui, puisqu’on ne l’a pas vu s’enfuir… — Alors ? Et la raison du crime ? Comment ! M. Guercin était là depuis la veille et l’individu qui voulait se débarrasser de lui — car on tue pour se débarrasser de quelqu’un — cet individu aurait deviné que M. Guercin franchirait le pont et ouvrirait la porte du pigeonnier ? Invraisemblable ! »

Béchoux fit une pause et observa le visage de son compagnon. Raoul ne bronchait pas. Il reprit :

« Je sais… tu vas m’objecter que ce crime fut peut-être le résultat d’un hasard et qu’il fut commis parce que M. Guercin pénétrait dans le repaire du bandit. Hypothèse absurde (Béchoux