Ils avaient regagné le manoir et, dans la pièce où se tenait une heure auparavant Mme Guercin, Catherine apparaissait, hésitante et toute pâle. Béchoux allait présenter son ami lorsque celui-ci s’inclina, embrassa la main de la jeune fille, et lui dit affectueusement :
« Bonjour, Catherine. Comment allez-vous ? »
Béchoux demanda, confondu :
« Quoi ! Est-ce possible ! tu connais donc mademoiselle ?
— Non. Mais tu m’as tellement parlé d’elle ! »
Béchoux les observa tous les deux et demeura pensif. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Raoul avait-il eu l’occasion de se mettre au préalable en rapport avec Mlle Montessieux, et n’était-il point intervenu déjà en sa faveur, se jouant de lui une fois de plus ? Mais tout cela était bien compliqué et bien inconcevable. Trop d’éléments lui manquaient pour reconstituer la vérité. Exaspéré, il tourna le dos à Raoul, et s’en alla avec des gestes de courroux.
Aussitôt Raoul d’Avenac s’excusa en s’inclinant.
« Vous me pardonnerez, mademoiselle, ma familiarité. Mais je vous dirai franchement que, pour garder mon ascendant sur Béchoux, je le tiens toujours en haleine par de jolis coups de théâtre, un peu puérils à l’occasion, qui lui semblent autant de prodiges et me donnent à ses yeux des allures de sorcier et de démon. Il fulmine, s’en va et me laisse tranquille. Or, j’ai besoin de mon sang-froid pour dénouer cette affaire. »
Il eut l’impression que tout ce qu’il faisait ou pourrait faire aurait toujours l’approbation de la jeune fille. Depuis la première heure, elle était comme sa captive, et se soumettait à cette autorité pleine de douceur.
Elle lui tendit la main.
« Agissez à votre guise, monsieur. »