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petite porte que Catherine avait utilisée pour s’introduire le matin dans le domaine. Des massifs d’arbustes et les décombres d’une serre écroulée dont le lierre avait pris possession encombraient cette partie du jardin. Il avait conservé la clef et put sortir à l’insu de tous.

À l’extérieur, le sentier continuait à longer le mur et montait avec lui les premières rampes des collines. On quittait la Barre-y-va, que l’on surplombait ensuite, et l’on passait entre des vergers et la lisière d’un bois, pour aboutir à un premier plateau où se groupaient une vingtaine de chaumières et de maisons que dominait le château de Basmes.

Le corps principal, encadré de quatre tourelles, présentait exactement les mêmes lignes que le manoir, qui semblait n’en être qu’une copie réduite. C’est là que demeurait cette comtesse de Basmes qui s’opposait au mariage de son fils Pierre avec Catherine et qui avait séparé les deux fiancés. Raoul fit le tour, puis déjeuna dans une auberge du hameau où il bavarda avec des paysans. On connaissait dans le pays les amours contrariées des jeunes gens. Souvent on les avait surpris qui se rejoignaient dans le bois voisin et qui restaient assis, les mains enlacées. Depuis quelques jours, on ne les avait pas aperçus.

« Tout cela est clair, pensa Raoul. La comtesse, ayant obtenu de son fils qu’il partît en voyage, les rendez-vous ont été suspendus. Hier matin, lettre du jeune homme annonçant à Catherine son départ. Catherine, affolée, s’échappe de la Barre-y-va et court au lieu ordinaire de leurs entrevues. Le comte Pierre de Basmes n’y est pas. »

Raoul d’Avenac redescendit vers ce petit bois qu’il avait longé en montant et pénétra sous des frondaisons épaisses où un passage était frayé parmi les taillis. Il arriva ainsi au seuil d’une clai-