rière, qu’un talus d’arbres entourait et où s’allongeait, en face, un banc rustique. Sans nul doute, c’était là que se retrouvaient les deux fiancés. Il s’y assit et fut très étonné, au bout de quelques minutes, de discerner, à l’extrémité d’une coulée qui filait entre les tiges des arbres, quelque chose qui bougeait, dix ou quinze mètres plus loin. C’étaient des feuilles mortes, accumulées au même endroit, et que soulevait un mouvement insolite.
Il se glissa jusque-là. Le remous s’accrut, et il entendit un gémissement. Quand il eut atteint l’endroit, il vit surgir une étrange tête de vieille femme, que couronnait une chevelure ébouriffée et comme tressée de brindilles et de mousse. En même temps, un corps maigre, vêtu de haillons, se dégageait du lit de feuilles qui le recouvrait comme un suaire.
Le visage était blême, bouleversé par l’effroi, avec des yeux hagards. Elle retomba sans forces, en se plaignant, et en se tenant la tête comme si on l’avait frappée et qu’elle souffrît cruellement.
Raoul la questionna. Elle ne répondit que par des lamentations incohérentes, et, comme il ne savait que faire d’elle, il retourna au hameau de Basmes et revint avec l’aubergiste, qui lui raconta :
« Bien sûr, c’est la mère Vauchel, une vieille radoteuse, qui n’a plus toute sa raison depuis que son fils est mort. Il était bûcheron, le fils, et un chêne qu’il abattait l’a écrasé par le travers. Elle a bien souvent travaillé au manoir, où elle sarclait les allées du temps de M. Montessieux. »
L’aubergiste reconnut en effet la mère Vauchel. Raoul et lui la transportèrent dans la misérable cabane qu’elle habitait à quelque distance du bois et la couchèrent sur un matelas. Elle continuait à pousser des bégaiements où Raoul, à la fin,