Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/47

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la vieille, Raoul ne voulut pas s’y attarder. Selon son habitude, il pensa que c’était là de ces énigmes qui se résolvent d’elles-mêmes lorsque le moment est venu.

Il ne rentra qu’à la nuit tombante. Les magistrats et les médecins étaient partis depuis longtemps. Un gendarme demeurait de faction près de la grille.

« Un gendarme, ça n’est pas suffisant, dit-il à Béchoux.

— Pourquoi ? fit Béchoux vivement. Il y a donc du nouveau ? Tu as des inquiétudes ?

— Et toi, Béchoux tu n’en as pas ? dit Raoul.

— Pourquoi en aurait-on ? Il s’agit de découvrir quelque chose qui s’est passé, et non de prévenir quelque chose qui pourrait se passer.

— Quelle gourde tu fais, mon pauvre Béchoux !

— Enfin, quoi ?

— Eh bien, il y a une menace grave contre Catherine Montessieux.

— Allons donc, c’est sa marotte que tu reprends à ton compte.

— À ton aise, excellent Béchoux, fais comme tu l’entends. Va dîner, fumer ta pipe et roupiller à Béchoux-Palace. Pour moi, je ne démarre pas d’ici.

— Tu veux que nous y couchions ? s’écria le brigadier en haussant les épaules.

— Oui, dans ce salon, sur ces deux confortables fauteuils. Si tu as froid, je te confectionne un cruchon. Si tu as faim, je te donne une tartine de confitures. Si tu ronfles, je te fais faire connaissance avec mon pied. Si tu…

— Halte ! dit Béchoux en riant. Je ne dormirai que d’un œil.

— Et moi de l’autre. Ça fera le compte. »

On leur servit à dîner. Ils fumèrent et devisèrent amicalement, rappelant leurs souvenirs communs