comtesse de Basmes ne veut pas que j’épouse son fils.
— Vous l’aimez ?
— Il me semblait que je l’aimais, dit Catherine à voix basse. Mais je ne me confiais pas à lui non plus. Je ne me suis confiée à personne, et je tâchais, toute seule, de dissiper cette atmosphère lourde qui m’oppressait. Et c’est ainsi que j’ai voulu m’enquérir auprès de cette vieille paysanne qui nettoyait autrefois le jardin. Je savais qu’elle habitait le petit bois Morillot qui est au-dessus du parc.
— Un petit bois où vous alliez souvent, n’est-ce pas ? »
Elle rougit de nouveau.
« Oui. Comme Pierre de Basmes ne pouvait venir à la Barre-y-va autant qu’il l’aurait voulu, je le rencontrais au bois Morillot. C’est là qu’un jour, après l’avoir quitté, je gagnai le logis de la mère Vauchel. À cette date, son fils vivait et travaillait comme bûcheron dans les bois de Tancarville. Elle n’était pas encore folle, mais n’avait pas la tête bien solide. Cependant, je n’eus même pas besoin de l’interroger ni même de lui rappeler mon nom. Au premier coup d’œil, elle chuchota :
« — Mademoiselle Catherine… la d’moiselle du Manoir… »
« Elle garda un assez long silence, s’efforçant de réfléchir, puis, se levant de la chaise où elle écossait des haricots, elle se pencha sur moi et, tout bas, me dit :
« — Les trois chaules… les trois chaules… faut faire attention, ma belle demoiselle… »
« J’étais confondue. Tout de suite, elle avait parlé de ces trois saules à propos desquels il y avait, pour moi, une telle énigme, et ses idées, vacillantes d’habitude, étaient si nettes à ce sujet qu’elle ajoutait : “Faut faire attention.” Que signi-