« Théodore ?
— Quoi ?
— Suis de l’œil, au-dessus de la rivière, la tranchée qui permet d’apercevoir, sur l’autre versant des roches, un petit tertre… à cent pas environ…
— Je vois.
— Vas-y. »
Béchoux, obéissant à cet ordre formulé d’un ton impérieux, passa par-dessus les roches et redescendit sur le tertre, d’où il avisa de nouveau Raoul. Celui-ci s’était couché à plat ventre le long d’une des principales branches et regardait dans différentes directions.
« Tiens-toi debout, cria-t-il, en te faisant le plus grand possible. »
Béchoux se dressa comme une statue.
« Lève le bras, ordonna Raoul, lève le bras et raidis ton index vers le ciel, comme si tu désignais une étoile. Bien. Ne bouge pas. L’expérience est tout à fait intéressante et confirme mes suppositions. »
Il sauta de son arbre, alluma une cigarette, et paisiblement, l’air d’un promeneur qui flâne, rejoignit Béchoux, lequel n’avait pas remué et piquait du doigt une étoile invisible.
« Qu’est-ce que tu fiches ? demanda Raoul, l’air stupéfait. En voilà une pose !
— Enfin, quoi, bougonna Béchoux, je me conforme à tes instructions.
— Mes instructions ?
— Oui, l’épreuve du Scarabée d’or…
— Tu es loufoque. »
Raoul s’approcha et dit à l’oreille de Béchoux :
« Elle te contemplait.
— Qui ?
— La cuisinière. Regarde-la. Elle est dans sa chambre. Dieu ! qu’elle devait te trouver beau en Apollon du Belvédère ! Une ligne… un galbe… »