Maître Bernard allait se retirer lorsque Raoul lui dit :
« Puis-je vous demander encore une minute d’attention ?
— Certes.
— Tout à l’heure, alors que vous lisiez le testament, j’ai aperçu, en dernière page, quelques chiffres.
— En effet, répliqua le notaire, qui montra la page. Mais ce sont de ces chiffres qu’on pose au hasard, et qui répondent à une préoccupation du moment. Ceux-ci, évidemment, n’ont aucun rapport avec les dispositions de M. Montessieux… Telle est ma certitude après les avoir bien examinés. Comme vous pouvez le voir, ils sont tracés bien au-dessous de la signature, rapidement, mal formés, à la façon d’une note qu’on aurait jetée là parce qu’on n’avait pas d’autre papier sous la main.
— Vous devez avoir raison, maître Bernard, dit Raoul. Mais tout de même, voulez-vous me permettre de les copier ? »
Et Raoul copia cette ligne de chiffres :
« Je vous remercie, dit-il. Quelquefois un hasard favorable vous donne de ces indications fortuites qu’il ne faut pas négliger. Celle-ci, bien que fort obscure, est peut-être de ce nombre. »
L’entretien était fini. Béchoux, désireux de développer certaines considérations propres à le mettre en relief, reconduisit le notaire jusqu’à la grille. À son retour, il trouva, dans le boudoir du rez-de-chaussée, Raoul et les deux jeunes femmes, tous trois silencieux, et il s’écria, d’un ton dégagé :
« Eh bien ? Qu’est-ce que tu en dis ? Ces chiffres ? ça m’a tout l’air de chiffres alignés sans raison, hein ?