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— Probable, dit Raoul. Je t’en donnerai le double, et tu chercheras.

— Et pour le reste ?

— Ma foi, la récolte n’est pas mauvaise. »

Cette petite phrase, jetée négligemment, fut suivie d’un silence. Il fallait des raisons sérieuses pour que Raoul l’eût prononcée. Un sentiment de curiosité anxieuse tourna les autres vers lui.

Il répéta :

« La récolte n’est pas mauvaise. Et ce n’est pas fini… La séance continue.

— Tu vois donc des renseignements dans tout ce fatras ? demanda Théodore Béchoux.

— J’en vois beaucoup, riposta Raoul, et tous, ils nous ramènent à ce qui est le centre même de l’aventure.

— C’est-à-dire ?

— C’est-à-dire le déplacement des trois saules.

— Toujours ta marotte, ou plutôt celle de Mlle  Montessieux.

— Et qui a sa justification très nette dans le testament de M. Montessieux.

— Mais, sacré nom, puisque le plan de M. Montessieux situe les trois saules au lieu même où ils sont.

— Oui, mais examine bien ce plan comme je viens de le faire, et tu verras que le même travail que l’on a effectué sur le terrain, fut accompli également sur le papier. Regarde, on a gratté là, à l’endroit du tertre, la triple croix qui représentait le groupe des saules, grattage habile, mais que l’on discerne aisément avec une loupe.

— Alors ? dit Béchoux, ébranlé.

— Alors rappelle-toi le jour récent où j’étais couché sur la branche d’un des saules, et où je t’avais dressé comme un Apollon sur le tertre. Eh bien, à ce moment, je cherchais au hasard et dans toutes les directions ce que nous allons trouver là,