Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/95

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— Alors on peut interroger un de ceux qui l’entourent, un de ses clercs, par exemple. Je m’en charge.

— Je les connais tous, dit Catherine. L’un d’eux même est venu ici, il y a quelques semaines, pour voir ton mari, Bertrande. Tenez, je me souviens tout à coup (elle baissa la voix) c’était le matin du jour où il a été tué… Il était huit heures. Moi, j’attendais un mot de mon fiancé, et c’est dans le vestibule que j’ai rencontré ce clerc de l’étude Bernard. Il semblait très agité. À ce moment ton mari est descendu, et ils sont partis ensemble dans le jardin.

— Donc, dit Béchoux, vous savez comment il s’appelle ?

— Oh ! depuis longtemps. C’est le second clerc, un grand maigre, mélancolique… le père Fameron. »

Raoul s’attendait à ce nom et ne sourcilla pas. Au bout d’un instant il questionna :

« Un petit renseignement, je vous prie, madame. Est-ce que, la nuit précédente, M. Guercin était sorti du manoir ?

— Peut-être, dit Bertrande, je ne me rappelle plus bien.

— Moi, je me rappelle, dit Béchoux, et parfaitement. Il avait un peu mal à la tête. Il m’a reconduit jusqu’au village, et il a continué sa promenade du côté de Lillebonne… Il était dix heures du soir. »

Raoul d’Avenac se leva et marcha de long en large durant deux ou trois minutes. Puis il revint s’asseoir et dit posément :

« C’est curieux. Il y a vraiment des coïncidences bizarres. L’homme qui a introduit le testament dans le dossier Montessieux s’appelle Fameron. Au cours de cette nuit-là, vers dix heures du soir, et du côté de Lillebonne, il a rencontré la personne qui désirait que ce testament, dérobé par