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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/98

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— Pour le lire d’abord et pour voir s’il n’y avait pas quelque disposition désavantageuse pour vous, c’est-à-dire pour lui.

— Mais il n’y en avait aucune !

— À première vue, non. Vous receviez une part, votre sœur une autre part plus importante, et vous étiez dédommagée par une somme en or. Mais d’où venait cet or ? C’est ce que vous vous demandez et ce que se demanda M. Guercin. À tout hasard, il empocha le document, se réservant d’y réfléchir et de se procurer la feuille supplémentaire qui devait, par annexe, expliquer le secret de fabrication de l’or. Il ne trouva rien. Mais ses réflexions, dont on devine le processus en lisant le document, le poussaient, deux mois plus tard, à rôder autour de Radicatel.

— Qu’en savez-vous, monsieur ? Il ne me quittait pas. Je voyageais avec lui.

— Pas toujours. À cette époque il simula un voyage en Allemagne (j’ai connu cette absence en interrogeant votre sœur à son insu). En réalité il s’établit de l’autre côté de la Seine, à Quillebeuf, et, le soir, il venait dans le bois voisin et se cachait dans la cabane de la mère Vauchel et de son fils. La nuit il franchissait le mur derrière les rochers, à un endroit que j’ai repéré, et il venait visiter le manoir. Visites inutiles, qui ne lui procurèrent ni l’explication du secret ni la poudre d’or. Mais, pour ajouter à votre héritage la bande de terrain à laquelle, dans l’esprit même du testament rédigé, semblaient liées la découverte et la possession du secret, il déplaça les saules, enclavant ainsi dans votre lot les rochers, la Butte-aux-Romains et la rivière. »

Bertrande s’irritait de plus en plus.

« Des preuves ! des preuves !

— C’est le fils Vauchel, bûcheron de son état, qui a fait le travail. Sa mère était au courant.