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Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/99

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Avant de devenir tout à fait folle, elle a bavardé. Des commères du village que j’ai questionnées m’ont fixé sur ces points.

— Mais, était-ce bien mon mari ?

— Oui. On le connaissait dans la région, parce qu’il avait habité jadis avec vous le manoir. En outre, j’ai retrouvé ses traces à l’hôtel de Quillebeuf, où il s’était inscrit sous un faux nom sans déguiser son écriture. J’ai déchiré la page du registre et je l’ai dans mon portefeuille. Le registre contenait aussi d’ailleurs la signature d’une autre personne qui l’a rejoint vers la fin de son séjour.

— Une autre personne ?

— Oui, une dame. »

Bertrande eut un accès de colère.

« C’est un mensonge ! Mon mari n’a jamais eu de maîtresse. Et puis tout cela n’est que calomnie et mensonge ! Pourquoi vous acharnez-vous après lui ?

— Vous m’avez questionné.

— Après ? Après ? dit-elle, en essayant de se dominer. Continuez. Je veux savoir jusqu’où on peut avoir l’audace… »

Raoul poursuivit calmement :

« Après, M. Guercin a interrompu son entreprise. Les saules reprenaient vigueur à l’endroit où il les avait fait planter. Le tertre d’où il les avait arrachés recouvrait peu à peu son aspect naturel. En outre, la solution du problème demeurait en suspens et le secret de l’or fabriqué restait impénétrable. Le désir de se remettre à l’œuvre l’amena ici lorsque vous y fûtes installée avec votre sœur.

« Le moment était venu d’utiliser le testament, de vivre à l’endroit même où avait vécu M. Montessieux, et d’étudier sur place le terrain conquis et les conditions dans lesquelles l’or avait pu être fabriqué. Dès le second soir, il embauchait le sieur Fameron et, moyennant vingt mille francs, ache-