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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/180

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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

nous appartenons ; et de préférence ceux qui nous différencient le plus de tous les autres phénomènes de la vie environnante. Parmi ces caractères, l’un des plus notoires, est peut-être moins notre intelligence que nos aspirations morales. Une partie de ces aspirations émane de notre intelligence ; mais une autre a toujours précédé celle-ci, en a toujours paru indépendante, et ne trouvant pas en elle de racines visibles, a cherché ailleurs, n’importe où, mais surtout dans les religions, l’explication d’un mystérieux instinct qui la poussait plus outre. Aujourd’hui que les religions n’ont plus qualité pour expliquer quelque chose, le fait n’en demeure pas moins ; et je ne crois pas que nous ayons le droit de supprimer d’un trait de plume toute une région de notre existence intérieure, à seule fin de donner satisfaction aux organes raisonneurs de notre entendement. Du reste, tout se tient et s’entr’aide, même ce qui semble se combattre, dans le mystère des instincts,