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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/49

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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

tiennent étroitement groupés au centre de la couronne d’azur, comme cinq reines vêtues de robes vertes, altières, inaccessibles. Autour d’elles se presse sans espoir la foule innombrable de leurs amants, les étamines, qui n’arrivent pas à la hauteur de leurs genoux. Alors, au sein de ce palais de turquoises et de saphirs, dans le bonheur des jours d’été, commence le drame sans paroles et sans dénouement que l’on puisse prévoir, de l’attente impuissante, inutile, immobile. Mais les heures s’écoulent, qui sont les années de la fleur ; l’éclat de celle-ci se ternit, des pétales se détachent, et l’orgueil des grandes reines, sous le poids de la vie semble enfin s’infléchir. À un moment donné, comme si elles obéissaient au mot d’ordre secret et irrésistible de l’amour qui juge l’épreuve suffisante, d’un mouvement concerté et symétrique, comparable aux harmonieuses paraboles d’un quintuple jet d’eau qui retombe dans sa vasque, toutes ensemble se penchent à la renverse et vien-