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chasses et voyages au congo

royaume des éléphants, et nous promettant de nous arrêter ici plus longuement au retour.


11 décembre.

Au matin nous nous remettons donc en route et bientôt notre attention est prise tout entière par la végétation luxuriante du pays que nous traversons ; de grands lys aux couleurs jaune, pourpre et orangée alternent avec des orchidées roses, des iris blancs et mauves et émaillent de leurs couleurs éclatantes le fond plus sombre du parterre. Ces lys, tels ceux du Japon, ont de bizarres formes déchiquetées et ressemblent à des papillons et à ces insectes qu’on voit voler le soir, éclairés par les derniers rayons du soleil couchant, ou mieux encore à d’énormes guêpes dont la taille mince et ridicule rappelle les élégantes de notre jeune temps.

Tout le sous-bois n’est qu’un tapis de verdure, lianes et fougères enchevêtrées et surtout une plante aux tiges feuillues qu’on appelle « Matungul » et qui a beaucoup d’analogie avec les aspedistra cultivées dans nos serres, forment un fouillis fantastique et invraisemblable et la splendeur de cette nature exubérante me fait penser à un « Paradou » africain dont pour décrire le charme, il eût fallu posséder la plume d’un Zola.

D’ailleurs quand on voyage dans ces pays, il faudrait être tout à la fois botaniste, entomologiste, peintre et écrivain et non pas seulement un chasseur vagabond qui sent les choses mais a beaucoup de peine à les décrire, ayant toujours plus manié le fusil que la plume ou le pinceau. Mais cette flore tropicale est tellement luxuriante à côté des pauvres petites fleurs si modestes de nos bois que l’âme la moins lyrique doit en être transportée et le charme qu’elle dégage est si puissant qu’il se décrit presque de lui-même sans qu’on y fasse attention.

Depuis un bon moment nous marchons sur un sentier