descend vers la rivière dont le cours sinueux tel un ruban d’argent tour à tour se montre et disparaît derrière un rideau de hauts palmiers ; devant nous, la descente en pente rapide par des lacets successifs doit nous mener à cette même rivière, la Luama pour l’appeler par son nom, but vers lequel nous marchons depuis que nous avons quitté Baraka. Où arrivons-nous, à Muero on à Touroungo ? Le Capitaine Bird n’est pas là pour nous renseigner, et la plupart des hommes de notre caravane, n’ont jamais été en ces lieux, mais ils savent que nous approchons, et joyeux ils courent et ils chantent au balancement de mon tippoye.
Ce passage de la Luama sur les deux pirogues indigènes affectées à cet usage, fut pittoresque, mais long à souhait, et malgré notre hâte, plus d’une heure se passa, avant que la dernière charge eût atteint l’autre rive et que nous fîmes notre entrée à Muero. Le village est précédé d’un tabernacle contenant cette fois trois Dieux, ce qui prouve je pense, l’importance de l’endroit qui lui-même est d’assez belle apparence. Précédé d’une large allée de bananiers qui y mène, il forme un vaste quadrilatère avec une place au milieu et des cases construites régulièrement tout autour ; sur la place du village, je remarque un bout de tronc d’arbre sortant du sol, et sur lequel de chaque côté, tel un Janus, est gravée une figure triangulaire peinte en rouge. J’avais déjà vu en plus petit, une figure analogue représentée sur un arbre le long du sentier que nous suivions, et elle avait pareillement éveillé ma curiosité, mais je ne pus en obtenir l’explication. Nous nous installons à un angle de la place à côté du rest-house, et des cornes de bubale que j’y vois attachées me donne bon espoir pour mes promenades futures. Vers le soir, je sors avec deux hommes du village pour me guider, et après deux heures de marche, je rencontre un troupeau de buffles mélangés noirs et roux ; je blesse un premier buffle, mais je renonce bientôt à suivre le sang qui mène à des fourrés trop dan-