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chasses et voyages au congo


23 décembre

Partis par un temps couvert à 8 heures du matin, nous arrivons bientôt en sortant de la forêt à une vue merveilleuse ; dans le fond à gauche la Luama serpente en formant une large boucle et miroite au soleil qui est peu à peu sorti des nuages laissés par l’orage de la nuit ; une vaste plaine parsemée d’arbres, s’étend à perte de vue devant nous jusqu’à la chaîne de montagnes qui au sud ferme l’horizon. De ci, de là, des termitières sont parsemées, et ce qui est typique dans ce pays, c’est qu’elles sont vertes et herbues, couvertes d’arbres et de buissons touffus contrairement aux termitières que j’ai été accoutumé de voir ailleurs en Afrique, où pas la moindre végétation ne pousse jamais sur leurs flancs dégarnis. Notre journée fut des plus mouvementées. Le capitaine Bird nous avait annoncé dans une petite crique formée par la Luama une extraordinaire vue sur les hippos, qui viennent ici se baigner et dormir au soleil et il se proposait lui-même d’y cinématographier ces intéressantes bêtes ; nous voilà donc partis à travers les roseaux qui font comme une muraille épaisse tout le long de la berge, et nous faufilant à la queue leu leu tels des Peaux Rouges, en tâchant de faire le moins de bruit possible pour ne pas effaroucher les paisibles habitants de ces lieux. Nous arrivons tellement près de l’endroit où ils sont couchés, que certainement pas trois mètres nous séparent de ceux qui sont le plus rapprochés du rivage ; le spectacle est vraiment extraordinaire : plus d’une vingtaine de monstres de toutes tailles sont littéralement entassés les uns sur les autres, la tête et la moitié du corps sortant de l’eau et entr’ouvrant leur large gueule pour humer l’air et respirer longuement ce qu’ils ne peuvent faire quand ils plongent. Vite Bird se met en position pour faire marcher son appareil, et prendre sur le vif, une scène de vie quasi-préhistorique, mais hélas, au premier déclic, l’attention des hippos fut mise en éveil, et bientôt l’une