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chasses et voyages au congo

et tout se passe à la bonne franquette : le tien, c’est le mien, et vous pouvez compter toujours sur l’hospitalité la plus franche et la plus cordiale qui vous est accordée par tous les colons à quelque rang qu’ils appartiennent, et je tiens à les remercier ici en bloc pour l’accueil aimable que chacun d’eux m’a réservé.

À Kalembe-Lembe il y a du nouveau ; les noirs ont mis le feu à un grand magasin de la Texaf, et nous en voyons les murs calcinés et les débris fumants ; la mentalité qui a présidé à cet acte de vandalisme, ne laisse pas que d’être inquiétante et prouve comme la rébellion d’il y a quelques semaines à Luebo, qu’il est grand temps d’instaurer dans la région un régime plus sévère, qui rende au noir un peu du respect et de la crainte qu’un système trop bénévole lui a fait perdre peu à peu à l’égard de son chef blanc.

En quittant Kalembe-Lembe au matin du 2 janvier, nous revoyons le village de Mucossamar où nous achetons des régimes de bananes pour nos hommes, nous repassons par le petit marais bordé de papyrus et nous arrivons à 11 h. 1/2 à la halte de Mussingera. À notre premier passage, le temps couvert nous avait dérobé la vue, et en arrivant nous sommes surpris du superbe panorama qui se présente à nos yeux ; du rest-house piqué sur un petit monticule nous voyons à nos pieds une mer de papyrus cachant le marais qu’ils recouvrent, et s’étendant à perte de vue jusqu’à la chaîne de montagnes qui barre l’horizon : une buée bleuâtre transparente qui s’en dégage donne l’illusion d’un lac suisse qu’on aurait devant soi. Mais bientôt tel un décor de théâtre qui se déroule, la vision se transforma la buée devient plus opaque, les nuages se forment peu à peu, et rampant au flanc des montagnes s’enflent progressivement et finissent par les dissimuler entièrement, faisant penser aux voiles qui dans Parcival envahissent la scène pour clôre l’acte final.

Je m’amuse à crayonner la vue et le rest-house autour