Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
chasses et voyages au congo

essor miraculeux un avertissement du ciel, et ont-ils choisi cet endroit comme champ de repos, et dans ce cimetière poétique dorment déjà de leur éternel sommeil plusieurs de leurs frères en religion… Ceci me rappelle la « Croix de Waragou » dans nos Arrousis, où une grande croix tracée au flanc de la montagne, guida le choix d’emplacement de la Mission que les Capucins y fondèrent, et qui fut pour ainsi dire le point de départ de toutes nos plantations, car de même que là-bas ce sont les Capucins, qui ont guidé les premiers occupants des vallées propices à la culture du café, ici aussi c’est le Père Feys qui a indiqué à Dierck, puis à Ligne les terrains les plus favorables.

Poursuivant notre tour d’inspection, nous voyons des palmiers élais qui donnent l’huile de palme ; ici ils sont importés, et quoique de culture tropicale, ils résistent à l’altitude de 1.500 mètres à cause de l’extraordinaire réverbération du lac qui répand sur ses bords une très grande chaleur. On me dit que sur l’île on trouve le dattier sauvage dont le fruit est la datte et non pas la noix de palmes. Nous arrivons à un petit jardin planté entièrement d’orangers et de citronniers, où les pommes d’or alternent avec les fruits de couleur plus claire que sont les citrons et dont les fleurs répandent dans l’air une odeur suave ; après avoir passé à côté d’une plantation de café de dimension exiguë, mais dont le rapport suffit à pourvoir aux besoins de la Mission, on nous montre une plante grimpante à nous inconnue, sorte de liane, qui s’agrippe aux arbres, et qui n’est autre que le vanillier. Celui-ci ne croît point ici à l’état naturel, et il a été importé du Mexique d’où il est originaire ; les fleurs mâles et femelles se trouvent sur la même tige, mais en raison de leur conformation spéciale, elles ont besoin d’être fécondées artificiellement une à une en saupoudrant la fleur mâle sur la fleur femelle ; au Mexique la fécondation se fait elle-même, paraît-il, par l’intermédiaire d’un insecte. La gousse de la fleur femelle se transforme en fruit, et met environ sept mois pour arriver à maturité, et