Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
chasses et voyages au congo

attendus, et où en l’absence de l’administrateur, nous fûmes reçus par son adjoint et par le Comte de Briey, qui mirent à notre disposition des locaux tout à fait somptueux.


1er février.

Je conserve le souvenir du Poste de Rutschuru comme de l’un des plus jolis que nous vîmes au Congo, et qui m’a vivement rappelé notre visite à la Légation d’Angleterre à Addis. Par une splendide allée de faux cotonniers, arbre qui produit le kapok, nous arrivons au rest-house bâti au milieu d’un parc et tout entouré de jardins où fleurs et fruits alternent à l’envi. Plus loin dans la verdure sont disséminées les villas qui servent d’habitations au personnel de l’administration, et l’on ne saurait assez féliciter l’administrateur, M. Van der Gint, de la belle ordonnance des lieux qui lui sont confiés.

Le soleil a reparu et à deux pas de la maison, dès qu’on sort de la verdure, on a devant soi le plus beau panorama du monde : les volcans sont enfin sortis de la brume qui les cachait à nos yeux et nous voyons toute la chaîne se dérouler devant nous avec une netteté extraordinaire qui même à l’œil nu permet d’en apercevoir tous les détails.

Nous nous arrachons à ce spectacle grandiose pour aller visiter la belle église, d’architecture récente, où des colonnes en briques ne manquent pas de goût dans leur simplicité ; on nous montre ensuite le tribunal indigène, sorte de prétoire où les chefs noirs rendent leurs jugements sous la surveillance de l’autorité blanche. Puis nous passons à côté des fours à tuiles et à briques et près d’anciennes forges indigènes, existant déjà avant l’arrivée des Belges et où les forgerons, mi-ouvriers, mi-sorciers accomplissaient toutes sortes de rites spéciaux pour fondre le fer ; le minerai qu’on amenait de la montagne voisine, était placé entre deux couches de charbon de bois, murées de terre glaise, auquel on mettait le feu, puis pendant six heures de suite, tandis que le forgeron soufflait avec son