nous procurer tout seuls, l’un et l’autre devant aller se chercher dans la forêt, à une assez grande distance de l’endroit. Aussi n’est-ce pas la dépense qui nous étonne, mais la forme sous laquelle on nous l’a présentée, qui nous a fait sourire.
Régler ses comptes est toujours de bon augure et bientôt nous voyons paraître les bienheureux camions qui vont nous permettre de quitter ces lieux ; le temps est toujours assez maussade, brumeux et couvert comme chez nous et tandis qu’on charge la dernière tente que nous avions gardée jusqu’au dernier moment comme abri contre la pluie, je contemple quelques moineaux identiques aux nôtres et aussi impertinents qui, même avant notre départ, viennent picorer sur l’emplacement que nous allons abandonner.
En quittant Kiseny nous commençons par traverser la, plaine de lave, puis nous nous dirigeons vers les volcans : la route doit être fort belle, mais le brouillard malheureusement nous cache la vue : on se croirait à Londres out dans nos Ardennes. Premier incident dans la montée : le second camion, celui dans lequel je me trouve, refuse d’aller plus loin ; ma femme qui est dans le premier a pris les devants, et ce n’est qu’en arrivant à Kibati qu’elle s’aperçoit que nous sommes restés en arrière ; on nous envoie du secours et c’est à bras d’hommes, les noirs poussant le véhicule par derrière, que nous avons atteint la hauteur. À partir de ce moment, la route heureusement ne monte plus et nous avons pu continuer le voyage sans plus d’accrocs ; en sortant de Kibati, nous avons salué le cimetière où reposent les premiers officiers tombés pendant la campagne de 1916 à l’endroit même où fut le quartier-général du glorieux chef Tombeur. Puis nous engageant dans la forêt, par une route à nombreux détours, mais en somme très carrossable, nous avons atteint la plaine de la Rutschuru, et après avoir encore traversé différentes plantations en formation, vers les 6 heures du soir, nous avons fait notre entrée au poste de Rutschuru où nous étions