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chasses et voyages au congo

touche à sa fin, et nos porteurs commencent à avoir besoin de repos. Le portage dans ce coin-ci du Congo est d’ailleurs misérable ; les hommes couverts de plaies et d’ulcères sont tous plus ou moins malades, et après quinze jours de route dans la mauvaise région que nous venons de parcourir, bon nombre d’entre eux sont restés en arrière, incapables de continuer à faire leur service et obligés de rentrer chez eux pour se faire soigner.

Même quand on ne l’aime pas, on doit reconnaître que l’auto sera un bienfait, le jour où La route sera achevée, et où l’on pourra circuler dans toute l’Afrique Orientale sans devoir recourir à la traction humaine ; malgré les inconvénients, dont les moindres seront la disparition de la couleur locale, et la destruction du gibier, un progrès sérieux sera réalisé dans un pays où il n’y a ni chevaux, ni ânes, ni mulets pour vous transporter, mais seulement quelques misérables noirs qui expirent sous le fardeau.


14 février.

Au matin nous quittons les bords de la Rutshuru et nous nous dirigeons en une petite étape de deux heures à peine vers Kashua, l’endroit à topis et à kimputu où nous arrivons à dix heures, alors qu’il fait déjà très chaud. Sur le ciel gris de chaleur, un troupeau de kobs se silhouette au haut d’une colline noire brûlée, comme les bêtes qu’on découpe pour les enfants dans du laiton ou des cartes de visite. Ils sont rangés comme des soldats déployés en ordre de bataille, et me rappellent un troupeau de buffle, vu jadis au Soudan. Pourtant nous ne les attaquerons pas aujourd’hui, car ayant atteint le chiffre des bêtes qu’il nous est permis de tirer dans la Réserve, nous nous contenterons de les observer ; d’ailleurs nous sommes gorgés de viande d’antilope et nous n’avons plus aucune envie d’en continuer le massacre.

À notre arrivée dans le parc Albert, de même qu’au Soudan il y a quelques années, nous avions l’impatience