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chasses et voyages au congo

failli être emportées par la tempête, et ce matin le temps est frais, même froid sur les hauteurs où nous sommes parvenus, 1.850 mètres d’altitude, car nous avons enfin atteint la fameuse crête Congo Nil. À 9 h. 1/2, le soleil ayant reparu, nous plions bagages et chargeons la tête du buffle ce qui donne lieu à une petite lutte avec les porteurs qui ne veulent pas s’en charger, et il faut recourir finalement à deux femmes du village, qui consentent à la porter, tous les hommes ayant pris la fuite par paresse.

Nous traversons un pays de Matétés et de brûlés coupés de marais entre les vallonnements ; ces brûlés sont en partie ceux dont nous voyions de loin les incendies il y a huit jours de Kabaré, au bord du lac Edouard ; là où le feu à épargné la végétation, des euphorbes en fleurs font comme des taches de sang et de rubis et toute la contrée a le même aspect que le Walaga que j’ai jadis visité. Au col nous jouissons d’une vue splendide : à gauche à nos pieds se déroule un immense pays de montagnes encore inexplorées et comme personne n’y a pénétré jusqu’à présent on le dit peuplé de cannibales ?


19 février.

Nos hommes s’étant déclarés fatigués, et l’étape étant encore trop longue pour arriver en une fois à l’embranchement de la route où nous devons retrouver l’auto, nous avons dressé nos tentes en pleine montagne et campons sur un éperon d’où la vue est merveilleuse. De nouveau un violent orage a éclaté cette nuit, mais ce matin le spectacle est féerique ; en dessous de nous, au Sud, une mer de nuages nous cache la vue des montagnes mais un ciel bleu turquoise nous environne de toutes parts, et le soleil levant nous baigne de ses premiers rayons ; on a l’impression de nager dans l’espace, impression qu’on n’a qu’en Suisse au haut des montagnes ou en aéroplane quand on vole au-dessus des nuages. De temps en temps un nuage se détache et passe le long de nous et nous nous trouvons