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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/254

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chasses et voyages au congo

mieux en ne voulant pas aller si vite, car on ne peut par un coup de baguette, changer une mentalité que des millénaires ont mis à former.


2 mars.

Nous avons quitté Adranga à 8 heures et passons à dix, au gros village de Makoro, où un poteau indicateur nous révèle qu’il y a encore 124 kilomètres à franchir pour arriver à Faradje. Une heure plus tard, à la bifurcation de la route pour Watsa, nous nous arrêtons pour déjeuner ; nous ne sommes plus qu’à 900 mètres d’altitude et déjà l’on sent qu’il fait plus chaud, et ces variations de température qui correspondent aux alternances d’altitude, sont commune en Afrique et naturelles, mais on néglige parfois d’en tenir compte. Nous continuons nos études sur les femmes nues qui sans cesse défilent devant nous, et s’arrêtent pour nous contempler ; moyennant un matabiche et un morceau de chocolat donné à leurs gosses, elles nous permettent même de les photographier : les bouquets de feuilles sont remplacés ici par des touffes d’herbes coupées ras comme une brosse à dents, mais sinon la toilette ne varie pas. Et toutes ces femmes toujours nues me rappellent le Lord Anglais dont parle Lady Cardigan dans ses mémoires, qui asseyait sa femme, une beauté célèbre d’ailleurs toute nue dans un fauteuil de velours noir, et l’admirait : on ne sera pas étonné d’apprendre qu’il est devenu fou par la suite ! Lady Cardigan était la veuve du Général du même nom, qui fut tué lors de la charge de la Light Brigade à la bataille de Balaclava, et qui au moment de mourir, a dit la phrase célèbre : « Farewell, Adieu le dernier des Cardigan ! »

— Ces dames me font penser à l’anecdote.

Les hommes que nous croisons, se distinguent au contraire de ceux que nous avons vus précédemment par les petits bonnets blancs de mode soudan aise ou par les cercles et les calottes en paille tressée qu’ils portent comme une