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chasses et voyages au congo

travers des champs de manioc ou de maïs et une région relativement très habitée, nous arrivons au petit village de Missa sur la Kerebitschi, et l’on nous dit que nous ne pouvons aller plus loin, car ici commence la brousses, et nous ne pourrions plus y ravitailler notre caravane. Nous n’avons naturellement pas vu une queue, et nous commençons à être très sceptiques et pleins de soupçons sur la véracité des noirs ; un jeune homme du village prétend avoir vu vingt rhinos il y a trois jours, et il aurait aussi rencontré une girafe il y a quinze jours. Il faut tenir compte de l’imagination de l’indigène qui grossit toujours ce qu’il voit, mais le rhinocéros étant sédentaire, et ne vivant pas par troupeaux, mais généralement au nombre de deux ou trois individus, on peut faire une moyenne et avoir un peu d’espoir. Je dessine sur le sol avec le parasol des ma femme, d’abord un rhino, puis une girafe et les gens du village reconnaissent et distinguent parfaitement les deux bêtes et nomment le rhino « Kango » ce qui prouve qu’ils en ont déjà vus. C’est bon signe, et nous acceptons la proposition du chef qui offre d’aller en tournée de reconnaissance pour voir s’il retrouvera la trace des rhinos. Il est assez long à revenir, et nous commencions à la trouver saumâtre, et à nous demander si l’on se moquait de nous, lorsque vers 1 h. 1/2 (nous avions déjeuné à onze heures pour être prêts à toute éventualité) l’homme est venu nous dire qu’il avait vu deux rhinos couchés à l’ombre sous un arbre, et que si nous nous y rendions tout de suite, nous avons beaucoup de chance de les trouver encore à la même place, car sans doute les bêtes continueront-elles leur sieste jusqu’à l’heure du coucher du soleil. La chose est vraisemblable car elle répond à la théorie, et sans beaucoup perdre de temps, nous nous apprêtons immédiatement pour aller tenter l’aventure. Il est deux heures, et comme l’endroit indiqué se trouve à deux heures de marche, nous pouvons y arriver facilement avant la nuit ; nous partons donc, ma femme et moi, avec nos deux tippoyes et les trois pisteurs,