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chasses et voyages au congo

et tout de suite, à la sortie du village, nous trouvons la rivière et un énorme marais à traverser. Ensuite la brousse alterne avec le marécage ; à un moment donné nous apercevons à huit cents ou neuf cents mètres un troupeau de cinq ou six éléphants, mais nous ne songeons pas à nous attaquer à eux, et peu après, à 3 h. 3/4, sur le conseil de notre guide, nous mettons pied à terre et laissons les tippoyes derrière nous. Après à peine un quart d’heure de marche, dans un terrain assez découvert, où quelques buissons et de rares arbres sont disséminés, j’aperçois tout à coup à soixante mètres un rhino debout, à moitié caché par un arbre et me présentant son profil gauche. J’oblique un peu à droite pour mieux l’observer, et je vois distinctement l’épaule gauche, les deux cornes sur le nez qui sont moyennes, et le pli typique de la peau des fesses. Je vise à l’épaule, j’entends le « boum floc » caractéristique de la balle qui entre dans le corps, et immédiatement après, en moins de secondes qu’il ne faut pour le dire, nous sommes chargés par deux rhinos qui arrivent droit sur nous. Nous n’avions pas aperçu le second qui était caché à notre vue par un repli de terrain. J’attends le premier, et presque à bout portant, je lui envoie une balle de ma 416 dans la tête ; celle-ci traverse la corne inférieure, et le fait obliquer à dix mètres de moi, et il poursuit sa charge affolée dans le fourré. Le second rhino heureusement oblique en le suivant, car ma 416 a calé, mais grâce au sang-froid de mon pisteur, qui, tel un porte-oarnier habile dans une battue de perdreaux, me passe avec dextérité ma 910 au moment précis où fonce devant moi la deuxième bête, je la roule comme un lapin de deux coups de carabine, et elle demeure raide morte à nos pieds. Pendant ce temps, ma femme m’avait suivi, armée de son appareil photographique, espérant pouvoir prendre sur le vif, une belle scène de chasse ; elle se tenait derrière moi, et au moment où les bêtes nous ont chargés, elle a rapidement échangé son appareil contre sa cabine, que son porteur lui a passée, pensant qu’elle de-