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chasses et voyages au congo

colonial. A-t-on tort ou raison d’imposer aux nègres une civilisation dont ils n’ont que faire, et pour laquelle ils n’étaient point nés ?


25 mars.

Nous voici arrivés à la fin de notre campagne de chasse et pour tenter une dernière fois notre chance, nous allons, ma femme et moi en une promenade de deux heures à travers la forêt à un endroit où l’on a signalé la présence des éléphants ; aussitôt la battue s’organise : penchés dans un arbre, nous attendons le résultat de l’opération. À cinquante mètres de nous un épais rideau de forêt s’élève, et les hommes qui nous accompagnent, l’ayant entièrement cerné, bientôt nous entendons au milieu des cris des rabatteurs, le bruit caractéristique d’une harde d’éléphants qui se déplace et se met en mouvement ; clapotis d’eau, branches cassées, et un à un nous voyons surgir à la file et trotter l’un derrière l’autre deux femelles suivies de leurs jeunes, puis deux mâles dont un porte des défenses un peu plus fortes que l’autre, et je risque sur celui-ci un coup de carabine qui le blesse par derrière ; il se détache du troupeau, ce qui prouve qu’il est touché, et rentre dans le fourré. Mais il fut impossible de suivre sa trace et de le retrouver dans le marais, et la nuit étant survenue, il fallut renoncer à la poursuite et rentrer au camp.

Ceci sera mon dernier éléphant, et bientôt hélas ! de tout cela, il ne restera plus qu’un beau souvenir…


26-27 mars.

Nous quittons Matoff et après deux heures de marche nous arrivons à Gubinda, hameau composé de quelques huttes où nous passons la nuit et d’où nous repartons le lendemain dès l’aube pour rejoindre Gangoro que nous atteignons vers midi. Nous repassons la Kapili sur le pont