nent à notre petit Trianon le sentiment de repos que Marie Antoinette devait éprouver à l’ombre de Versailles. Nous, y avons connu des heures exquises, et le dernier beau souvenir de la Colonie avant la descente du Grand Fleuve qui va bientôt nous ramener en Europe…
Stanleyville est un des plus jolis, pour ne pas dire le plus joli poste que j’ai vu au Congo. Tout y est si vert, si frais, si remarquablement bien tenu, et sa situation même au bord du fleuve, en fait un site presque unique, dont les différents Gouverneurs ont à l’envi su exploiter la beauté. Une remarquable allée de palmiers mène à la Résidence, et toutes les rues sont également bordées de palmiers, ce qui, donne à l’ensemble l’aspect d’un immense jardin, et y entretient une délicieuse fraîcheur même par les plus fortes chaleurs. Le service de la voirie est d’ailleurs admirablement fait et mieux qu’en Europe, chaque matin les rues sont consciencieusement balayées et nettoyées.
Stanleyville possède de remarquables écoles, et l’on m’en fit voir différentes qui rivalisaient pour leur bonne tenue. A côté des cours préparatoires où sont inscrits environ 400 élèves, il y a une école professionnelle pour adultes, où en quatre années d’études, on forme des ouvriers dans les différentes sections de menuiserie, de ferronnerie et d’imprimerie. J’ai vu des meubles faits par ces apprentis, et les tables, les lits et les armoires qui sortent de l’école de Stanleyville peuvent concourir avec ceux de nos meilleurs ébénistes Européens.
J’ai également visité la Maternité où une brave sœur se débat seule pour élever une douzaine de nouveaux-nés, la plupart abandonnés par leurs parents, car la moralité laisse fort à désirer dans ces parages, et outre que les femmes se font fréquemment avorter, elles n’hésitent pas à se débarrasser de leurs rejetons quand elles les trouvent gênants ; aussi y aurait-il encore beaucoup à faire sous ce rapport dans la Colonie, et si l’on veut augmenter le capital humain et partant la main-d’œuvre, qui fait défaut dans