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chasses et voyages au congo

leur donnent un air farouche, et les femmes se promènent presqu’entièrement nues, et elles se sauvent terrifiées devant l’appareil, si on veut les photographier. Ici elles ne portent plus leurs enfants de côté sur la hanche, mais attachés sur le dos au moyen d’un cordon en herbes séchées ou en vannerie tressée assez fine, large de deux ou trois doigts et crasseuse à souhait. Et toujours nous rencontrons ces mêmes huttes aux toits pointus tels des chapeaux de clowns, petits cubes alignés qui ressemblent à des pagodes chinoises et qui sont teintés de jaune, de rouge, de noir et de blanc sans parler des peintures pompéiennes et du serpent, qu’on voit sur nombre d’entre eux. Ces toits pointus sont caractéristiques de cette région, et l’architecture officielle les a même adoptés et reproduits dans la construction du poste de Bengamissa que nous traversons et dont la place publique est un modèle d’ordre et de propreté.

Nous passons la Lindi et sur le bac, des nègres dansent devant les glaces de l’auto, se font des grimaces et parlent à leur image, et après le passage de la rivière bientôt on sent l’approche d’une capitale ; déjà les femmes prises d’un sentiment de pudeur commencent à se voiler le derrière, et bientôt un nègre, tout de blanc vêtu et mettant la main au chapeau pour saluer comme le font les soldats français, nous demande une place dans l’auto. Après cela plus besoin de présentation, et en voyage comme toute le monde sait, on s’entr’aide volontiers ! Encore quelques kilomètres, et après avoir contourné le camp où sont cantonnés plusieurs régiments de troupes coloniales, nous arrivons à Stanleyville au début de l’après-midi.


Stanleyville, du 2 au 6 avril.

Le Gouverneur, M. Moeller qui habite un magnifique « Palais » a mis à notre disposition un charmant petit pavillon qui se trouve dans l’enclos même de la résidence, et n’en est séparé que par la largeur du jardin, où des pelouses verdoyantes plantées de palmiers magnifiques, don-