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chasses et voyages au congo

entravent notre navigation jusqu’à Mabeka, où nous faisons halte et où je vois le premier baobab qui réveille en moi les souvenirs anglais de Mombassa et de Dar-es-Salam. Après Mabeka et l’embouchure de la Mongola venant du Nord, le Fleuve devient de plus en plus large, et toujours nous voyons des îles qui flottent sur l’eau, et toujours les forêts qui les couvrent semblent pousser dans l’eau même, tellement les berges sont plates et invisibles, c’est la caractéristique du Grand Fleuve, dont la couleur brune produite par le tanin des arbres prend ici une teinte mordorée. Il y as même des vagues assez fortes en ce moment, et sans les îles on se croirait en mer, car on n’aperçoit plus les bords des deux rives ; la largeur d’un bord à l’autre doit être à cet endroit de 10 à 12 kilomètres environ.


11 avril.

Voici le poste pittoresque et la grande Mission de Nouvelle-Anvers ; nous y voyons une pirogue transportant du foin qui attire nos regards par sa forme spéciale et la minceur de ses cloisons qui la rend facilement transportable ; il y a aussi ici des paniers à poissons en bambous qui s’achètent 40 francs quand le bateau monte à peu près vide vers Stanleyville, mais pour lesquels les indigènes ne craignent pas de demander 400 francs quand le même bateau redescend avec sa charge de passagers repartant pour l’Europe : toujours la question de l’offre et de la demande ! Il y a aussi les jupes des femmes qui attirent notre attention, car elles sont faites en un tissu que de loin on prendrait pour de la toile écrue, et qui n’est que du rafia, la fibre d’un palmier, finement tressée.

Après Nouvelle-Anvers le Congo qui coulait de l’Est à l’Ouest change de direction, et se met nettement à couler vers le Sud ; et l’on songe à l’émoi qu’a dû éprouver Stanley, quand arrivant en ces lieux, il s’est aperçu que le Grand Fleuve dont il avait d’abord suivi le cours, croyant tenir