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chasses et voyages au congo

même bien vexante et qui comme toujours a dû coûter cher aux deux parties, retarda notre embarquement de plusieurs jours. Un équipage hétéroclite, recruté le jour même sur d’autres unités prouve une fois de plus par ses services intelligents en cours, de route, que le Français est le premier parmi les débrouillards.

Le 24 octobre au soir nous sortions du chenal guidés par les fanaux des bouées lumineuses qui, balancées par les vagues, ressemblaient de loin à des lucioles dansant au ras des eaux ; à l’arrière les lumières des quais profitaient les contours de la terre ferme, et le « Général Duchesne » glissa silencieux sous les bastions sombres du Château d’If, hantés sans doute à cette heure par les spectres d’Edmond Dantes et de l’abbé Faria.

Roland Dorgelès dans « Partir » a décrit la vie à bord de manière à décourager tout nouvel essai dans le genre. Une tradition intangible et que la bienséance défend de fausser, veut que dans le Golfe du Lion tout le monde soit malade et qu’on s’observe et s’ignore ; en Mer Rouge on fait connaissance, et les flirts s’amorcent ; dans l’Océan Indien, sur les « Indo-Chine » les fêtes battent leur plein et les flirts vont quelquefois plus loin. Descendus à Djibouti, cette troisième phase nous échappe, mais les amoureux doivent tour à tour nous bénir ou nous maudire. Car les passagers se rendant de Djibouti à Colombo ou retour, sont rares, et dans les deux sens, la cabine inoccupée devient celle des rendez-vous. Ses légitimes propriétaires, selon qu’ils descendent ou montent à Djibouti, sont des « braves types » ou des « empêcheurs de danser en rond », si j’ose m’exprimer ainsi.

Les « Madagascar » sont plus sages, leurs passagers s’égrènent sur la côte de l’Afrique orientale et la grande ressource est le Ring-tennis, quand il y a des Anglais. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, on lit très peu sur les paquebots, la mer engourdit et rend paresseux intel-