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chasses et voyages au congo

Sports fort coquet, où malgré la chaleur Djiboutins et Djiboutines jouent au tennis avec maîtrise, et, narguant son sort, Djibouti fabrique de la glace pour ravitailler les glacières des paquebots et rafraîchir les gens difficiles et malveillants qui viennent d’Europe la calomnier. Nulle part ailleurs je n’ai chez d’excellents amis, consommé autant de drinks, savamment combinés et glacés ; ce qui ne veut pas dire que j’aimerais finir mes jours à Djibouti, trop fermé pour mes goûts et emprisonné d’un côté par l’Océan Indien dans lequel on ne peut pas même se baigner parce que les requins y pullulent, de l’autre par une muraille de laves noires, dépassant deux mille mètres qui défend l’Abyssinie. La grande distraction est fournie une fois par semaine par les paquebots qui séjournent pendant quelques heures, sans pouvoir aller à quai. Les belles dames achètent chez le coiffeur du bord des soieries et des bibelots chinois et japonais, se font donner un schampoing et onduler, puis dînent au champagne sur le pont avec des amis de passage sur la grand’route de Saïgon. L’escale d’un grand steamer est une fête pour le « tout Djibouti » et les indigènes eux-mêmes sortent comme d’une ruche du village Somali, pour vendre des plumes d’autruche, serrées dans des étuis en fer blanc et des piquets d’aigrettes à des prix qui font sourire les personnes qui ont habité l’Éthiopie. Ce village somali révèle bien des choses outre des danses pour touristes et des jeunes personnes peu farouches qui s’offrent toutes nues et avec complaisance aux appareils photographiques. Il y a trois ans, on pouvait s’y procurer à des prix dérisoires d’excellents vins de grands crûs, provenant des cales du « Fontainebleau » jeté à la côte, juste à temps par son capitaine, la cargaison de coton s’étant enflammée spontanément. Le petit jeu des achats clandestins a pris fin quand des naufrageurs autorisés se sont incrustés dans la coque à demi immergée du pauvre Fontainebleau, sur lequel j’ai navigué jadis, pour le dépecer au profit de ses propriétaires legitimes, les compagnies d’assurances maritimes. J’ai vu