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chasses et voyages au congo

colis jusqu’au pied de la montagne, d’où les uns comme nous partent en expédition de chasse, les autres, et ce sont les plus nombreux, vont faire de la prospection dans les coins encore inexplorés de ce côté-ci du Congo. Nous voilà donc engagés sur une route qu’ici dans la brousse on trouve admirable, mais qu’en Europe on déclarerait impossible à pratiquer, et nous traversons en vitesse plusieurs filages indigènes où nous suscitons l’admiration de la population noire et nue pour la plus grande partie : les enfants entièrement, les femmes jusqu’à la ceinture ; on voit peu d’hommes et ceux-ci sont généralement habillés et la plupart à l’Européenne. À moitié chemin environ, nous sommes obligés d’arrêter : il y a une rivière qui traverse la route, et comme le service des ponts et chaussées n’a pas encore passé par ici, c’est un bac qui remplace le pont absent, et le bac en question se composant uniquement de plusieurs barques juxtaposées, reliées entre elles par des planches plus ou moins branlantes, il est plus sage de ne pas s’y risquer chargés ainsi que nous le sommes, et pour passer notre camion, on décide qu’il faut commencer par le décharger, après quoi on nous passera nous-mêmes et nos bagages ! O lenteur orientale ! comme tu mets à l’épreuve notre patience occidentale ! Il ne faut pas être pressé quand on voyage en Afrique, et plus vous montrerez de hâte à vouloir faire ou faire faire les choses par les indigènes, moins vous avez de chance d’aboutir : on dirait qu’ils ont un malin plaisir à vous faire enrager par leur apathie, sachant très bien qu’ils sont les maîtres de la situation et qu’on est, bon gré mal gré, obligé d’avoir recours à eux. Que vous le vouliez ou non, ce passage de la rivière vous prend une heure, après ce temps on est encore très heureux d’arriver, car il faut un certain art pour faire monter et descendre le camion sur le bac en question ; l’on se demande à chaque passage s’il arrivera sain et sauf de l’autre côté, et la dernière fois où nous sommes passés, il y a eu derrière nous un craquement sinistre, qui était